mercredi 11 décembre 2013

De l'usage de la langue française dans les médias.

Tiens dis donc. J'ai comme une envie de râler.
Non je n'ai pas mes règles merci. Thanks.

Mais je crois que comme mes menstruations, j'ai mensuellement une périodicité de ce phénomène très étrange: le besoin de grogner.
Que je provoque bien évidemment, sinon ce n'est pas funny.

Bon cette fois j'ai quand même dû me fader 6h de conférence au Collège de France pour aboutir à un résultat, mais qu'importe mes agneaux je l'ai fait pour vous.

Le thème: 
L'USAGE DE LA LANGUE FRANCAISE DANS LES MEDIAS.
(Vous avez trois heures...)


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A priori le sujet s'annonce intéressant, pertinent, je dirai même avant-gardiste et prescripteur.
Sujet lancé par le CSA. Encore mieux donc. La Haute autorité veille au grain. Merveilleux.

SAUF QUE: 3 tables rondes et 200 spectateurs plus tard, le médiateur de cette journée a lancé un  incroyable, un extraordinaire, un étourdissant:


"Mes chers amis,
 si vous avez des idées pour que le niveau de langue française dans les médias se maintienne, nous sommes tout ouïs."



SORRY ????
Euh... C'est pas ton job mec ?

Et cette farce ironique n'a été que la cerise sur le gâteau
(NB: expression employée dans l'objectif pur et simple d'agacer les détracteurs de cette formule qui ont répétés 16 fois durant la journée, (j'ai compté) que la tournure était désuète et ô combien horripilante. GNIARF)

... bref ... sur le gâteau disais-je d'une longue journée de débats inutiles.


A savoir:


  • Que ce soit parmi les intervenants ou dans l'assemblée, il a semblé évident que les anglicismes n'étaient pas au goût des ardents défenseurs de la langue de Molière. (Vous remarquerez alors les nombreuses expression anglaises usitées depuis le début de cet article, encore une fois inscrits dans le seul but de me rendre impertinente. RE-GNIARF)
  • Pour l'instant le niveau de langue française dans les médias n'est pas si catastrophique. Si baisse il y a c'est parce qu'aujourd'hui nous prenons des auditeurs mal éduqués à l'antenne qui décotent le niveau de français. 
  • Les médias parlent quand même souvent au présent et en termes positifs.
  • Les anglicismes c'est nul. Fuck.


Personnellement je n'aurais aucun problème contre un animateur qui utiliserait les terme low-cost ou burn-out (pour reprendre les exemples cités) s'il pouvait éviter de dire perpétuellement:

"Si j'aurais su c'est pas ça que j'aurais fait". 
(Version non traduite: Si j'orè su s'et pa sa que j'aurai fè)


Finalement c'est pas si mal le présent...
A mon humble avis, et pour reprendre la formule de @Beaux_Ties: un animateur qui n'a pas de problème de langage peut parfaitement utiliser l'imparfait du subjonctif ET dire hashtag. 
L'usage des anglicismes est pour moi un combat inutile puisque perpétré par une génération qui, je suis désolé de le dire, vivra moins longtemps que le terme Hashtag. Conservation ne veut pas dire Raison. Tout est question d'évolution de la société.





En revanche là où j'ai du mal, c'est quand un directeur général de média francophone ose dire 
"Aujourd'hui le niveau de langue française à l'antenne n'est pas si mauvais..."


PAS SI MAUVAIS ???? 
Alors comment se fesse t'il qu'un animateur n'ait pas le droit d'utiliser des mots de plus de trois syllabes dans certaines radios, sous risque d'une incompréhension de l'auditeur????
Un mauvais usage de la langue ne signifie pas qu'une mauvaise grammaire.
Un mauvais usage de la langue c'est aussi une expression fade déployée simplement de mots anodins et basiques. ....
C'est vrai quoi. Restons généraux. Restons évasifs. Utilisons des termes passe-partout cela évitera l'émeute.... 


S'il y a quelque chose de mauvais là-dedans c'est plutôt l'irrespect de la radio envers ses auditeurs. 
POURQUOI un auditeur ne pourrait-il pas comprendre les mots de plus de trois syllabes ? Et comment va t'il les réinvestir s'il ne les entends jamais? ... D'abord... 


Mais bizarrement cet aspect de la chose n'a pas été abordé. 
Même sous l'intervention de Pierre Bellanger, PDG de Skyrock, où le niveau de langue française est loin de flirter avec l'Académie Française. Pierre Bellanger qui au contraire s'est félicité de respecter la langue française en diffusant chaque jour 60% de chansons en langue française à l'antenne. 


Au vu de cette position, je me permets alors de citer l'artiste francophone Booba, diffusé sur l'antenne de Skyrock, et fier d'être le porte drapeau du maintien de la langue française à la radio:


(...)
J'encule vous tous, solennellement
J'fais l'hella sans prendre d'élan
J'suis ours noir, pas goéland
Ta tasse-pé veut me gué-lan
À part en cours, j'suis au premier rang
Boul'Billancourt, chien errant
Elle a un cul d'jument, j'la veux
J'vais lui mettre doucement, au calme
Bang bang dans sa schneck'zer, étincelles dans sa rondelle
T'as ton studio rue d'Blondel, j'ai le mien à Fort Lauderdale
Ma tchoin faut que j'l'entretienne
Le peuple faut que j'l'entertain
Bakel City Cartel, Couilles-de-bois en porte jartelle
Hello, c'est B2O
J'suis avec Prince Boateng, Balotelli au Milanello (...)



S'il vous plait ? 
Euh... J'ai pas compris.... 



Ah oui et j'ai oublié de dire que si anglicisme il y avait aujourd'hui dans nos bouches, c'est bien évidemment à cause du gros méchant Internet et des chargés de communication qui veulent se la jouer cool pour vendre. 


Bref, toute cette verve pour vous dire que j'ai détesté ce groupuscule de presque sympathisants FN, qui applaudissaient au-dessus de leurs têtes à chaque de levée de glaives contre les anglicismes. 
Et c'est dommage parce que le sujet du débat originel était pertinent...









2 commentaires:

  1. Hello ma Flo.
    Pour traverser d'est en ouest notre belle ville de Paris matin & soir en voiture, j'ai la "chance" de pouvoir écouter la radio pendant plus de deux heures et demi chaque jour.
    Bon comme tu n'as pas (encore ;-) ...) ta matinale, je suis bien obligé d'écouter tes collègues. Et c'est vrai qu'entre les radios jeuniste où on parle un langage que j'ai de plus en plus de mal à comprendre (mais peut être suis je un peu trop vieux pour Fun ou NRJ) et les généralistes où l'info est rabachée non stop en privilégiant l'actu brûlante répétée ad nauseam à des émissions de fond ... J'en viens à brancher l'iPod & à me faire ma propre programmation musicale.
    Mais le pire de tout c'est d'entendre sur ces fameuses radios musicales ce bashing systématique de tout ce qui peut être un minimum culturel et/ou sortir de la masse. Les musées ? Bouh c'est pour les vieux. Le cinéma ? S'il n'y a pas un défilé de bonnets E en maillot de bains au milieu d'explosions et de zombies, c'est nul. La musique ? Ok si la nana qui chante se montre à poil sur une boule de démolition (coucou Miley !). Sinon bof. Le théatre ? Beurk.
    Comment veut-on que les gamins qui écoutent ça aient un minimum envie de sortir d'un système où, pour être cool, il faut écouter du Maitre Gims & regarder Transformers 18 et surtout dénigrer les standards et éviter les films où on demande au spectateur de réfléchir plus de 15 secondes ?
    En tout cas encore merci pour tes posts rafraichissants.
    Olivier

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  2. Hello !!!
    Ô combien je suis d'accord avec toi. La mode est au stupide.
    Et c'est flippant parce que le phénomène s'aggrave avec le temps. Puisque que tout le monde le fait, les gens ne trouvent plus de raisons, plus de motivations à aller toucher un peu plus haut. "Pourquoi s'embêter puisque cela n'empêche pas la compréhension. Et les produits un peu plus intellectuels proposés aujourd'hui se renferment devant ce constat et deviennent de plus en plus élitistes. Rien n'est fait pour tendre la main vers un public qui aurait besoin d'éducation.
    Que va t'il se passer quand la génération encore un peu nombreuse défenderesse de la culture se sera éteinte ?
    S'intéresser à Wong Kar Wai et lire Sartre cela deviendra plouc ?

    Fuck quoi. :-)

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